Les repas tendus qui dégénèrent

Extraits cinéma

Sam Mendes, American Beauty, 1999


Le chat – Pierre Granier-Deferre (1971)


Claude Chabrol – Que la bête meure (1969)


Brian De Palma – Les incorruptibles (1987)

Madame de Sévigné, Lettre 161, 1671

Il est dimanche 26e avril ; cette lettre ne partira que mercredi ; mais ceci n’est pas une lettre, c’est une relation que vient de me faire Moreuil, à votre intention, de ce qui s’est passé à Chantilly touchant Vatel. Je vous écrivis vendredi qu’il s’étoit poignardé : voici l’affaire en détail. Le Roi arriva jeudi au soir ; la chasse, les lanternes, le clair de la lune, la promenade, la collation dans un lieu tapissé de jonquilles, tout cela fut à souhait. On soupa : il y eut quelques tables où le rôti manqua, à cause de plusieurs dîners où l’on ne s’étoit point attendu. Cela saisit Vatel ; il dit plusieurs fois : « Je suis perdu d’honneur ; voici un affront que je ne supporterai pas. » Il dit à Gourville : « La tête me tourne, il y a douze nuits que je n’ai dormi ; aidez-moi à donner des ordres. » Gourville le soulagea en ce qu’il put. Ce rôti qui avoit manqué, non pas à la table du Roi, mais aux vingt-cinquièmes, lui revenoit toujours à la tête. Gourville le dit à Monsieur le Prince. Monsieur le Prince alla jusque dans sa chambre, et lui dit : « Vatel, tout va bien, rien n’étoit si beau que le souper du Roi. » Il lui dit : « Monseigneur, votre bonté m’achève ; je sais que le rôti a manqué à deux tables. — Point du tout, dit Monsieur le Prince, ne vous fâchez point, tout va bien. » La nuit vient : le feu d’artifice ne réussit pas, il fut couvert d’un nuage ; il coûtoit seize mille francs. À quatre heures du matin, Vatel s’en va partout, il trouve tout endormi, il rencontre un petit pourvoyeur qui lui apportoit seulement deux charges de marée ; il lui demanda : « Est-ce là tout ? » Il lui dit : « Oui, Monsieur. » Il ne savoit pas que Vatel avoit envoyé à tous les ports de mer. Il attend quelque temps ; les autres pourvoyeurs ne viennent point ; sa tête s’échauffoit, il croit qu’il n’aura point d’autre marée ; il trouve Gourville, et lui dit : « Monsieur, je ne survivrai pas à cet affront-ci ; j’ai de l’honneur et de la réputation à perdre. » Gourville se moqua de lui. Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte, et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut qu’au troisième coup, car il s’en donna deux qui n’étoient pas mortels : il tombe mort. La marée cependant arrive de tous côtés ; on cherche Vatel pour la distribuer ; on va à sa chambre ; on heurte, on enfonce la porte ; on le trouve noyé dans son sang ; on court à Monsieur le Prince, qui fut au désespoir. Monsieur le Duc pleura : c’étoit sur Vatel que rouloit tout son voyage de Bourgogne. Monsieur le Prince le dit au Roi fort tristement : on dit que c’étoit à force d’avoir de l’honneur en sa manière ; on le loua fort, on loua et blâma son courage. Le Roi dit qu’il y avoit cinq ans qu’il retardoit de venir à Chantilly, parce qu’il comprenoit l’excès de cet embarras. Il dit à Monsieur le Prince qu’il ne devoit avoir que deux tables, et ne se point charger de tout le reste. Il jura qu’il ne souffriroit plus que Monsieur le Prince en usât ainsi ; mais c’étoit trop tard pour le pauvre Vatel. Cependant Gourville tâche de réparer la perte de Vatel ; elle le fut : on dîna très-bien, on fit collation, on soupa, on se promena, on joua, on fut à la chasse ; tout étoit parfumé de jonquilles, tout étoit enchanté.  

Questions :

– Relevez les éléments qui lors des préparatifs du repas mettent en évidence l’inquiétude grandissante de Vatel ?
– pourquoi Vatel ne cesse-t-il d’évoquer sa «réputation» ?
– quelle est la réaction du Roi à l’annonce du suicide de Vatel ? 


Clara Degiovanni, « Pourquoi l’on se dispute pendant les repas de famille (et comment y remédier) » (2023)  

Dans la salle à manger, il y a « le lieu de la représentation » : la scène, l’endroit où se dérouleront les discussions, les débats et les potentielles disputes. Là aussi, les choses sont plus ou moins prévues. Un plan de table vise à anticiper les voisinages incompatibles. La décoration sert à rappeler le contexte : l’esprit de Noël, la fête, la fin des soucis, le confort d’un repas partagé. À première vue, tout semble fait pour éviter le drame. 

Mais le lien entre un repas de famille et une scène de théâtre ne s’arrête pas au décor et à la mise en scène. Les différents membres du repas de famille sont eux aussi des acteurs. Ils ont prévu leur rôle, ils ont soigné leur préparation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le repas de famille n’est pas terrain spontané, où chacun peut se permettre d’être « soi-même ». Il est au contraire un lieu ritualisé dans lequel un « individu joue un rôle » et « demande implicitement à ses observateurs de prendre au sérieux l’impression qui leur est donnée ». Cela ne veut pas dire que tout le monde ment et que tout est factice. Il s’agit plutôt d’aiguiser, d’éclairer, de faire saillir une certaine dimension de sa personnalité : de donner à voir ce que l’on veut montrer de soi aux autres. 

Et c’est ici que le bât blesse. Car le repas de Noël n’arrive qu’une seule fois par an. Le rôle qu’on choisit plus ou moins consciemment de jouer a donc pu évoluer entre le moment présent et l’année passée. Le frère considéré comme timide veut montrer qu’il a pris de l’assurance. La tante réputée anxieuse veut se montrer plus apaisée. De même, entretemps, certains sont devenus parents, d’autres végétariens. Les opinions politiques des différents membres de la famille ont également pu évoluer, se diluer ou se radicaliser. Toutes ces transformations peuvent créer des confusions et des tensions. « L’impression que l’individu tente d’engendrer chez ceux parmi lesquels il se trouve » est en inadéquation avec ce qui est attendu de son public. Tout se passe comme si la pièce censée être bien huilée se changeait alors en petit théâtre d’improvisation. De là peuvent surgir les malentendus, les incompréhensions, les quiproquos… et les disputes. 

Selon Goffman, celui qui se rend compte que les autres ne croient pas au rôle qu’il tente de jouer, opte la plupart du temps pour une posture « cynique ». Il devient l’observateur amer et désenchanté du repas et décide de se désengager petit à petit de la conversation, avec mauvaise humeur et distance. Si plusieurs personnes le rejoignent dans cette position, quelque chose dans le repas de Noël commence à se fissurer. Graduellement, la « magie » de la représentation s’étiole et la fête finit par tomber à l’eau. 

Questions :

Expliquez les différentes caractéristiques du repas de famille qui le rapprochent du théâtre.


Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui – Cuisine et dépendances (1991) 

JACQUES 

Tu comptes passer la soirée ici ? 

GEORGES 

Quel mépris !! Deux heures de retard, et pour finir, un prétexte débile, trouvé à la va-vite, même pas foutus d’inventer quelque chose de plausible, il n’y a que du mépris, là-dedans… 

JACQUES 

Ils se sont excusés, Georges, ça arrive, d’être coincé, en voiture… 

GEORGES 

Qu’est-ce que ça peut me foutre, cette excuse sur les embouteillages ? II découvre les embouteillages ? ça fait quarante ans qu’il habite ici, il devrait être prévenu, maintenant… À Paris, il y a des embouteillages… 

(Un temps.) 

Non, tu comprends, être en retard, ça fait riche, et quand on est célèbre comme lui, n’en parlons pas, c’est une tradition, c’est quasiment obligatoire, on tarde, on tarde, et on apparaît enfin aux yeux du peuple !… AAAAH !… « C’est le Monsieur de la télévision… » 

(Un temps.) 

La belle affaire, quel est le con qui ne passe pas à la télévision ?… 

JACQUES 

Ils se sont platement excusés, lui et elle, ça devrait te suffire, et puis ce n’est pas deux heures, c’est à peine une heure quinze… 

GEORGES 

Bon, disons une heure vingt-deux, par exemple… C’est toujours du retard, non ? 

(Un temps.) 

JACQUES 

C’est très disproportionné, tout ça, Georges… 

GEORGES 

Pas du tout, pour moi, ça n’a rien de disproportionné, je me suis même trouvé coulant… 

(Jacques soupire.) 

Ne soupire pas comme si tu avais affaire à un enfant… ou un malade… Tu sais très bien que je suis plus à cheval que toi sur… 

JACQUES 

Tu es toujours à cheval, tu passes ton temps à cheval !… Descends !… Détends-toi, souffle un peu… 

GEORGES 

Je n’ai pas envie de descendre, figure-toi, je me sens très bien à cheval, je préfère être à cheval qu’à genoux… 

JACQUES 

Mais, Georges, il y a un monde !… un MONDE, entre les deux… Bon, je ne vais pas discuter une heure, c’est moi qui suis impoli, maintenant… 

Georges repart terminer sa cigarette sur la terrasse

GEORGES 

Oui, oui, voilà… Ne laisse surtout pas refroidir, ce n’est pas ici l’événement… C’est là-bas… 

JACQUES 

Tu es chiant !!… Quand tu t’y mets, tu es chiant, Georges, excuse-moi de te le dire… De toute façon, je le sentais, je l’ai dit à Martine… Et elle n’avait pas besoin de moi, elle le sentait aussi… J’étais convaincu que tu ferais la gueule… Ou que tu trouverais quelque chose à redire, et effectivement, tu me bousilles tout d’entrée… 

GEORGES 

Ils arrivent avec deux heures de retard, et c’est moi qui te bousille tout d’entrée ?… C’est le monde à l’envers !!… Et puis n’exagérons rien, il n’y a pas de catastrophe, je suis parti brutalement, bon… Ce n’est pas insurmontable, ils auront pensé que j’ai simplement accusé le coup, c’est le fait de les revoir, c’est un… choc affectif, disons… 

JACQUES 

Un choc affectif ?… 

GEORGES, après un petit temps. 

Est-ce que je suis arrivé en retard, moi ? 

JACQUES 

Tu habites ici, c’est plus facile… Et puis on n’attendait pas sous la pluie, on était dans le salon, tranquillement, entre nous… 

GEORGES 

On était mort de faim, et on a tourné en rond, voilà ce qu’on a fait… Moralité, je me suis bourré de pistaches comme un con… 

Questions :

Pourquoi le retard des invités déclenche-t-il l’irritation de Georges ?


Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde (1990) 

LA MÈRE 

C’est l’après-midi, toujours été ainsi : 

le repas dure plus longtemps, 

on n’a rien à faire, on étend ses jambes. 

CATHERINE 

Vous voulez encore du café ? 

SUZANNE 

Tu vas le vouvoyer toute la vie, ils vont se vouvoyer toujours ? 

ANTOINE 

Suzanne, ils font comme ils veulent ! 

SUZANNE 

Mais merde, toi, à la fin ! 

Je ne te cause pas, je ne te parle pas, ce n’est pas à toi que 

je parle ! 

Il a fini de s’occuper de moi, comme ça, tout le temps, 

tu ne vas pas t’occuper de moi tout le temps, 

je ne te demande rien, 

qu’est-ce que j’ai dit ? 

ANTOINE 

Comment est-ce que tu me parles ? 

Tu me parles comme ça, 

jamais je ne t’ai entendue. 

Elle veut avoir l’air, 

c’est parce que Louis est là, c’est parce que tu es là, 

tu es là et elle veut avoir l’air. 

SUZANNE 

Qu’est-ce que ça a à voir avec Louis, 

qu’est-ce que tu racontes ? 

Ce n’est pas parce que Louis est là, 

qu’est-ce que tu dis? 

Merde, merde et merde encore ! 

Compris ? Entendu ? Saisi ? 

Et bras d’honneur si nécessaire ! Voilà, bras d’honneur ! 

LA MÈRE 

Suzanne ! 

Ne la laisse pas partir, 

qu’est-ce que c’est que ces histoires ? 

Tu devrais la rattraper ! 

ANTOINE 

Elle reviendra. 

LOUIS 

Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. 

ANTOINE 

« Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. » 

CATHERINE 

Antoine ! 

ANTOINE 

Quoi ? 

LOUIS 

Tu te payais ma tête, tu essayais. 

ANTOINE 

Tous les mêmes, vous êtes tous les mêmes ! Suzanne ! 

CATHERINE 

Antoine ! Où est-ce que tu vas ? 

LA MÈRE 

Ils reviendront. 

Ils reviennent toujours. 

 Je suis contente, je ne l’ai pas dit, je suis contente que nous soyons tous là, tous réunis. 

Où est-ce que tu vas ? 

Louis ! 

Catherine reste seule. 

Questions :

Comment et pour quelles raisons le repas dégénère-t-il ?
Est-ce que le motif semble justifier l’énervement ? Comment expliquer, alors, que le repas dégénère ?
Montrez que chacun cherche à faire « saillir une certaine dimension de sa personnalité : donner à voir ce que l’on veut montrer de soi aux autres »


Caran d’ache – Un dîner en famille (1898)


Thierry Delez, « Ma mère a quitté la table en sanglot, pourquoi gâche-t-on toujours le repas de noël avec des débats », 2024 ? 

Politique, rivalités familiales… On a beau tenter chaque année d’éviter les sujets brûlants à table, la dispute paraît inévitable tant il suffit d’un rien pour mettre le feu aux poudres. «L’an dernier, c’est parti d’un truc futile1, comme une traînée de poudre, se souvient Martin, 29 ans. Une remarque de mon père sur une salariée de l’entreprise familiale en arrêt depuis deux mois, qui déclenche un débat sur “les jeunes qui ne veulent plus travailler” et, en cinq minutes, ma mère quitte la table en sanglots en ayant interprété des arguments du débat comme une attaque personnelle.» Dans la famille du jeune homme, le repas de Noël vire chaque année au conflit. Les trois quarts des Français disent avoir déjà connu une situation de tensions lors de ce rituel, selon un sondage Ifop publié en 2022. Malgré le soin apporté par chacun à les éviter, les débats de société finissent toujours par s’inviter à table et enflammer les convives. Au point que Martin en vient à stresser à l’idée de partager avec ses proches ce moment pourtant censé être convivial. «Et cette année, entre la guerre Israël-Hamas ou la a loi immigration, ce sont autant de bâtons de dynamite prêts à nous exploser entre les mains…»  

Motifs futiles et alcool 

Inéluctable, le repas de Noël qui tourne au vinaigre ? Difficile en tout cas d’éviter les débats d’actualité. «On ne va pas non plus parler de la pluie et du beau temps, alors on parle de ce qu’on entend», dans les médias ou sur les réseaux, souligne le sociologue Jean Viard. Le repas de famille, estime-t-il, est un moment où l’on se retrouve «sans pour autant que ce ne soit un vrai espace d’intimité où l’on pourrait parler de soi, de ses problèmes». Parler d’actualité devient finalement «un sujet neutralisant», qui peut toutefois «conduire à des engueulades monstrueuses!» 

Dans une famille, qui plus est quand elle s’enrichit des gendres et belles-filles, on n’a évidemment pas tous les mêmes opinions. Entre le tonton chasseur qui trouve qu’il y a trop d’immigration, la belle-sœur végane et de gauche, l’adolescent révolutionnaire et anticapitaliste et la grand-mère qui soutient que «c’était mieux avant», cela fait souvent beaucoup de façons opposées de voir le monde autour d’une même table pour éviter le dérapage, même si l’on pensait éviter les sujets d’actualité et la politique. «Les disputes partent souvent d’un motif futile» qui met le feu aux poudres, acquiesce Sylvie Angel, psychiatre et thérapeute familiale. «Je reçois souvent des patients qui, trois à quatre ans après, sont marqués par la dispute mais sont incapables de se rappeler pourquoi elle a commencé.» À table, la consommation d’alcool n’aide pas. «Ça désinhibe, et accroît le risque de dérapage», pointe la psychiatre. 

Rivalités et non-dits 

Au-delà de la question explosive du débat politique à table, il y a en fait mille autres raisons pour que les fêtes virent au drame. 

Et cela commence bien avant Noël, pointe Sylvie Angel. «Il y a déjà le casse-tête du choix de la date et des invités: l’organisation donne la météo de l’ambiance.» Le jour J est souvent stressant, notamment pour l’hôte qui s’occupe du repas. Vient ensuite la répartition des places –et la vexation de celui qui se retrouve exilé en bout de table pour la quatrième année de suite. Puis la colère –intérieure pour l’instant– des hôtes qui trouvent que le gendre n’aide pas assez à débarrasser les assiettes. Dans cette ambiance tendue de non-dits et de rivalités plus ou moins assumées, la moindre étincelle devient fatale. «Ce peut être une remarque sur l’éducation des enfants, un jugement sur un choix de vie, une expression maladroite, un cadeau mal interprété… liste Sylvie Angel. Et en quelques secondes, ce moment censé être le plus beau de l’année peut basculer.» Et si une bonne dispute permet parfois de résoudre des problèmes, en verbalisant puis évacuant des frustrations gardées pour soi depuis des années, ce ne serait pas le cas dans les repas de famille, assure la psychiatre. «La discussion de groupe n’est pas un moment pour s’expliquer. Tout le monde va s’en mêler, il n’y aura pas de parole claire…» 

Pas de fatalité.  

Il n’y a pourtant pas de fatalité, promet Sylvie Angel. Venir simplement en faisant l’effort que le repas se passe bien ne suffit manifestement pas: il faut prendre d’autres précautions pour ne pas risquer la rupture familiale. La tolérance –face à un cadeau raté ou un choix de vie déconcertant– est finalement le meilleur bouclier à Noël, selon la thérapeute. Si certains viennent manifestement à reculons ou refusent catégoriquement de participer, Sylvie Angel estime qu’«il faut essayer de comprendre ce qui a été difficile à digérer pour eux dans les Noëls précédents» […]. 

Questions :

– Combien de Français, selon le sondage Ifop, «disent avoir déjà connu une situation de tensions» lors des repas des fêtes de fin d’année?
– Quelles sont les deux raisons principales pour lesquelles les repas de fêtes peuvent tourner à l’affrontement?
– Comment, selon Sylvie Angel, éviter que les repas tournent à l’affrontement familial systématique? 

Fabcaro – Fornica, une tragédie en trois actes, 2019