Le tourisme face à l’écologie

L’écotourisme, appelé aussi tourisme vert, est l’une des formes du tourisme durable, plus centrée sur la découverte de la nature (écosystèmes, mais aussi agrosystèmes et tourisme rural), voire d’écologie urbaine (jardins écologiques, espaces verts écologiques, réserves naturelles urbaines et autres aspects de l’écologie urbaine), et également orientée vers les cultures et patrimoines à conserver.

Les méfaits du tourisme

Juliette Heuzebroc, « Le tourisme serait l’un des vecteurs principaux du réchauffement climatique », National Geographic, Juin 2018.  

Une étude vient de révéler que le tourisme serait responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.  

Publiée dans la revue scientifique Nature climate change, une étude vient de révéler que le tourisme mondial serait à l’origine de 8 % des émissions de gaz à effet de serre. Menées par des chercheurs des universités de Sidney, du Queensland et de Cheng Kung, les recherches révèlent que les vecteurs de pollution liés au tourisme sont nombreux : on y retrouve aussi bien les transports que l’alimentation, l’hébergement ou les achats voyageurs. Jusque-là, les études portant sur l’impact environnemental du tourisme n’avaient jamais pris en compte la consommation de biens et services dans leurs mesures. Cette étude avait donc pour objectif de rendre compte de l’empreinte carbone de l’activité touristique. Les scientifiques ont donc analysé les données de flux touristiques sur 160 pays entre 2009 et 2013.

Les résultats sont éloquents : les émissions sont trois fois supérieures aux prévisions et précédentes évaluations, et surtout on en observe une forte croissance. En 2009, le tourisme représentait une émission de 3,9 milliards de tonnes de CO2 tandis qu’en 2013, ce chiffre avait déjà grimpé à 4,5 milliards de tonnes. Lorsque l’on sait que le tourisme mondial a augmenté de 7 % uniquement sur l’année 2017, on ne peut que redouter les chiffres actuels. Il faut cependant préciser que dans ce compte-rendu, les déplacements professionnels n’ont pas été dissociés du tourisme vacancier.

D’après les experts, les principaux pôles de pollution seraient les trajets et séjours intérieurs. Les États-Unis arrivent en tête de liste et représentent à eux seuls un quart de cette pollution. Ils sont suivis de la Chine puis, entre autres, de l’Allemagne, l’Inde ou encore le Mexique. Les états insulaires sont également fortement mis en cause car les Maldives, les Seychelles ou Chypre restent des destinations très populaires. Dans ces pays, 30 à 80 % des émissions de CO2 sont générées par le tourisme. Différentes projections prévoient qu’à l’horizon 2025, si la croissance se poursuit, le tourisme générera 5 à 6,5 milliards de tonnes de CO2 par an. Afin d’enrayer cette augmentation, les scientifiques proposent la mise en place d’une taxation carbone des déplacements touristiques. 

  1. Quels sont les principaux problèmes évoqués dans ce reportage ?
  2. Pensez-vous qu’interdire certains territoires aux touristes soit une bonne façon de préserver l’environnement ?

Quelles solutions ?

La perpétuation de nos voyages et de nos vacances soulève une série de défis démocratiques, écologiques et économiques. Mais le premier défi à relever se situe toutefois dans les valeurs respectives que nos imaginaires leur attribuent. L’imaginaire des vacances des Français est modeste, populaire : affinité et voisinage, oisiveté et retrouvailles. Avec le brin de dédain jugé requis, les professionnels du tourisme nomment cela « tourisme domestique ». L’imaginaire du voyage est à première vue, pour certains, plus désirable : avions striant le ciel, hôtels paradisiaques, grandes métropoles et merveilles du monde. Mais la pandémie, la réalité des pratiques et les défis environnementaux contestent désormais l’emprise des imaginaires du tourisme.

Printemps 2020 : avions à terre, hôtels fermés, grandes villes désertées, discours catastrophiques et confinement. Eté 2020 : les territoires ruraux, les parcs et les sites naturels n’ont jamais été aussi fréquentés. Certes, 55 % des Français sont partis en vacances pendant l’été 2020. Mais la moyenne des départs estivaux varie de 60 à 65 % depuis les années 1990. Certes, parmi ces 55 %, 94 % ont choisi (un peu contraints) la France. Mais ce n’est en rien une rupture : les estivants français étaient déjà plus de 85 % à faire ce choix avant la pandémie. (Gael Chareyron, Saskia Cousin et Sébastien Jacquot, « Crise du tourisme et résistances des vacances. Valeurs et pratiques des mobilités de loisirs en période de pandémie », Mondes du Tourisme n°20, 2021) Les Français ont privilégié le repos, les retrouvailles. Ce sont les deux principales motivations du départ en vacances depuis que les enquêtes sur ce sujet existent. Ils auraient boudé les hôtels ? Mais plus de la moitié partaient dans la famille ou chez des amis avant la pandémie. Simplement, ils étaient invisibles pour les indicateurs de l’industrie touristique.

Ainsi, jusqu’en 2020, l’Organisation mondiale du tourisme se félicitait chaque année de l’augmentation du nombre de « touristes internationaux » – 1,4 milliard en 2019. Il ne s’agit pourtant pas là de touristes, ni même de personnes, mais d’« arrivées internationales », tous motifs confondus et concernant un nombre réduit de personnes extrêmement mobiles. En effet, on estime qu’environ seulement 250 millions de personnes prennent l’avion pour leurs loisirs chaque année. Car si la quête de temps libre et le désir d’aventure sont universels, seulement 5 % de l’humanité a déjà pris l’avion. La France, qui proclame volontiers être le « premier pays visité au monde », est, en réalité, simplement le pays le plus traversé…

Bien que très majoritaires, les « touristes domestiques » sont le plus souvent ignorés par des indicateurs basés sur les arrivées aux frontières et les hébergements marchands. Grâce aux coopérations entre territoires, entreprises et chercheurs, on sait maintenant que plus les touristes viennent de loin, plus leurs consommations se concentrent dans quelques hauts lieux touristiques et bénéficient aux entreprises globalisées. A l’inverse, plus les vacanciers reviennent et s’installent, plus leurs activités et leurs dépenses se répartissent sur les territoires, les sites et les commerces locaux. La question n’est donc plus de quantifier le tourisme international, mais de qualifier les vacances de proximité.

Les vacances des Français sont une pratique héritée des luttes pour le temps libre, considérées dans l’Hexagone comme un droit collectif et un devoir individuel. Le retour du tourisme international ne saurait masquer ces pratiques et ces valeurs. Au vu des enjeux démocratiques et environnementaux, la question est désormais politique.

Depuis 1910, l’Etat français a considéré le tourisme comme relevant successivement de la propagande nationale, de l’aménagement du territoire, de l’organisation des transports, de la culture du temps libre, de la démocratisation des vacances et de l’animation du commerce. En 2016, la France s’est ralliée à la doctrine des années 1960 de la Banque mondiale : le tourisme est une industrie d’exportation. Sans égard ni regard pour les métiers de l’hospitalité, l’économie des territoires, la sociologie des vacanciers. L’antienne politique affirmait que le tourisme était la seule industrie non délocalisable. Pourtant, elle est aujourd’hui délocalisée, soumise aux plates-formes globales et abandonnée par ses travailleurs éreintés. Après deux décennies d’abandon des politiques sociales du tourisme, de fragilisation des congés payés, de réduction de la durée moyenne des séjours, les vacances résistent, certes, mais elles s’érodent.

Faut-il continuer à privilégier le modèle du tourisme international, basé sur la consommation de produits touristiques, de transports aériens et de chambres étoilées ? Ne faudrait-il pas plutôt une vision politique capable de penser ensemble les enjeux économiques, les défis écologiques, la formation et la rémunération des salariés, à partir des pratiques et des désirs de l’immense majorité de nos concitoyens : des vacances et des retrouvailles en territoires hospitaliers ? En bref, une économie politique de l’otium (« temps libre »), sobre, démocratique, attentive au temps retrouvé, réconciliée avec son économie« domestique ».

  1. Quelle vision du tourisme Saskia Cousin défend-elle ?

Le flygskam, ou La honte de prendre l’avion

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen/zoom-zoom-zen-du-lundi-29-aout-2022-4305610 

(4min à 14:40)

  1. Résumer l’idée du flygskam : d’où ça vient, qu’est-ce-que ça désigne ?
  2. Vous semble-t-il normal que ce soit seulement les individus qui se sentent coupables face à la question écologique ?

L’écotourisme

  1. Quelles mesures politiques peuvent être prises en faveur de l’écotourisme ?  
  2. Quels sont les avantages de l’écotourisme par rapport au tourisme traditionnel ? 
  3. Quelles sont les limites de l’écotourisme ?  

Sujet possibles

  • Que peut-on faire pour mieux voyager ?
  • Doit-on sacrifier ses rêves de lointain au nom de l’écologie ?
  • “Ne faudrait-il pas plutôt une vision politique capable de penser ensemble les enjeux économiques, les défis écologiques, la formation et la rémunération des salariés, à partir des pratiques et des désirs de l’immense majorité de nos concitoyens : des vacances et des retrouvailles en territoires hospitaliers ?”. Etes vous d’accord avec cette proposition ?