VI-2) Paris asphyxiée

Aurélie Foulon, « Île de France : plus de la moitié des communes du cœur de métropole manque d’espaces verts », Le Parisien, 2021

Le défi est colossal : alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande un seuil de 10 m2 d’espaces verts ouverts au public par habitant, de nombreuses communes franciliennes en sont loin, voire très loin. En petite couronne, même en tenant compte des espaces verts accessibles à moins de cinq minutes à pied situés sur d’autres villes, « la grande majorité des communes est carencée (NDLR : moins de 10 m2 par habitant), voire très carencée (- de 5 m² par habitant) », constate Thomas Cormier, urbaniste à l’Institut Paris Région, qui déplore une situation préoccupante en termes d’accès à la nature et pour la biodiversité.

            D’après le Plan vert de la région Île-de-France, plus de la moitié des communes du cœur de métropole (périmètre englobant 118 communes autour de Paris, caractérisées par la densité de l’habitat et la continuité du bâti) manque d’espaces verts.

            Le sujet est devenu si sensible que personne ne veut entendre parler de classement. Pour obtenir des réponses à son questionnaire adressé aux 50 plus grandes villes de France et réaliser son palmarès, l’Observatoire des villes vertes s’engage à ne communiquer sur les cinq communes exemplaires dans chaque catégorie (densité d’espaces verts, investissement, biodiversité…). Seule une ville d’Île-de-France tire son épingle du jeu sur la scène nationale : Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), qui a décroché la 3ème place dans la catégorie « entretien », notamment grâce à son label « Terre saine – commune sans pesticide » obtenu en 2019.

Pas un mot sur les derniers de la classe. « Les villes ont le moins d’espaces verts sont parfois celles qui font le plus d’efforts » insiste l’Observatoire. « Le constat actuel est l’héritage de décennies d’urbanisation, renchérit Thomas Cormier. Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) par exemple, n’arrive pas à passer ce seuil malgré l’ouverture du parc des Docks, qui est pourtant un parc urbain important pour la biodiversité avec une réflexion sur la place de l’eau ou la gestion arbustive. » […]

A l’échelle de la région, l’évolution est plus discrète. « On arrive déjà à figer la situation, à arrêter le processus d’urbanisation comme à Épinay-sur-Seine qui a modifié son plan local d’urbanisme pour repasser des zones classées U (urbain) en N (nature). » Plus largement, à l’échelle de la métropole, « après une période très longue de disparition de nature grignotée, on constate une rupture : entre 2012 et 2017, il y a un maintien du nombre d’espaces verts ouverts », s’enthousiasme Thomas Cormier.

            Dans les communes les plus « imperméabilisées », le graal se trouve souvent dans les friches industrielles. « Les créations tiennent beaucoup aux grands projets, explique Thomas Cormier. Les ZAC amènent beaucoup de population, mais aussi la possibilité de prévoir des espaces verts. » Certaines communes en imposent même une part minimum pour chaque projet immobilier.

Questions :

  1. Pour quelle raison Thomas Cormier déclare-t-il que la grande majorité des communes est carencée en espaces verts ?
  2. Comment l’Observatoire des villes vertes explique-t-il que « Les villes ont le moins d’espaces verts sont parfois celles qui font le plus d’efforts ? »
  3. Quel est le graal dans les communes qui possèdent le moins d’espace vert ?

Marion Durand, « Pourquoi Paris se vide de ses habitants », La Croix, 2022

Selon les derniers chiffres publiés par l’Insee, la capitale comptait 2 165 423 habitants en 2019, soit une baisse d’environ 64 000 habitants en six ans. Même si la population de Paris décroît depuis 2013, la crise du Covid-19 et le recours au télétravail ont encouragé le départ de certains Parisiens.

« Au moment où je vous parle, j’ai du soleil dans les yeux, et la montagne devant moi. » On pourrait presque l’entendre sourire. Guillaume est l’un de ces Parisiens qui ont quitté la capitale pendant la crise sanitaire, et qui ne reviendraient pour rien au monde. Partis, avec sa femme et ses trois enfants, pour une semaine de vacances en février dernier à Annecy, ils sont revenus y poser leurs valises en juin, pour y emménager cette fois. « Aujourd’hui mon environnement est infiniment plus apaisant », affirme ce chef d’entreprise, qui habitait dans le 8e arrondissement.

Depuis quelques années, l’exode des Parisiens se confirme. Les quelque 2 229 621 habitants de Paris en 2013 étaient environ 64 000 de moins en 2019, avant la crise sanitaire. Et s’ils n’ont pas attendu la pandémie pour quitter Paris, « le Covid a été un accélérateur de tendance, analyse le sociologue Jean Viard, directeur de recherche CNRS au centre de recherches politiques de Sciences Po. On est au milieu d’une vague de changement, les gens veulent donner du sens à leur vie. »

La moitié des cadres parisiens qui partent ont recours au télétravail

Avec sa femme, Guillaume pensait déjà à quitter Paris. Après avoir passé « un an et demi en face d’un mur » et réalisé que son entreprise pouvait rester performant en travaillant à distance, le couple a décidé de franchir le pas. S’il faut attendre quelques années pour mesurer le véritable impact de la crise sanitaire sur la mobilité des Parisiens, il est déjà certain que celle-ci a pu encourager des départs comme le leur.

Avec un facteur d’accélération : le télétravail. Plus de la moitié des cadres qui ont quitté la capitale en 2018 n’ont pas changé de lieu d’activité, selon l’INSEE, qui envisage encore une hausse de départs. « Parmi ceux qui partent, il y a une majorité de gens qui déménagent au bout de la ligne de RER, et qui travaillent encore à Paris ou qui télétravaillent », explique encore Jean Viard.

Au-delà de la pandémie, la difficulté de se loger et la recherche d’une meilleure qualité de vie sont souvent ceux qui poussent les familles à quitter la ville, particulièrement lorsqu’elles s’agrandissent. « C’est un phénomène plutôt familial », avec l’idée de la maison avec jardin, décrypte Jean Viard. Dans la capitale, Guillaume et son épouse payer 2600 € par mois pour un appartement de 90 m². Aujourd’hui, le couple débourse 600 € de moins pour 40 m² de plus en plein centre-ville d’Annecy avec une terrasse et vue sur la montagne.

Conséquence de ce départ : l’Île-de-France, à l’exception de Paris (+4 %) et surtout la province (+8.8%), ont vu le prix des logements augmenter au cours de l’année passée. En 2021, les acheteurs parisiens en effet privilégient de plus en plus la province, -31% des transactions contre -23% en 2019, selon les Notaires de France.

À Paris, aussi, les marques de cet exode familial sont devenues visibles dans les cours d’école. Comme la population, le nombre d’élèves scolarisés dans le premier degré. Baisse depuis 2013. Mais à la rentrée 2021, les élèves parisiens étaient encore moins nombreux que d’habitude. « dans les écoles maternelles et élémentaires publiques, on a compté 6000 élèves en moins, ce qui représente une baisse de 5 % », rapporte Patrick Bloch, adjoint à l’éducation auprès de la mairie de Paris. Une diminution plus importante que l’année dernière ou environ 4000 élèves manquait par rapport à 2019.

« Les gens avaient commencé à partir en 2020, mais à la rentrée dernière, ç’a été la grosse surprise, c’est là qu’on a eu le plus de départs », explique le directeur d’un établissement du 10e arrondissement. Même constat dans le 9e arrondissement par le directeur d’une école primaire qui a perdu près de 20 % de ses élèves entre 2017 et 2020. « Paris est devenu trop cher pour les familles : le mouvement actuel, ce sont des gens qui partent. »

Questions :

  1. Pourquoi Guillaume et sa famille ont-ils choisi de quitter Paris pour s’installer définitivement à Annecy ?
  2. Quels sont les deux facteurs d’accélération ?
  3. Quelles sont, selon la journaliste, les marques visibles à Paris de cette exode urbain massif ?

Franck Fife, La tour Eiffel et les toits de Paris à travers une brûle de pollution (2015)

Questions :

  1. Décrivez les différentes composants de l’image
  2. A quel élément reconnaît-on qu’il s’agit de l’agglomération Parisienne et comment voit-on la pollution ?

Exercice de synthèse

En vous aidant des 6 derniers documents (Nicolas Boileau, Jacques Wilhelm, Apolline Guillot, Aurelie Foulon, Marion Durand ainsi que la photographie issue de la page « Paris asphyxiée » sur mon site), vous établirez une sorte de mini-synthèse sur les problématiques négatives à Paris.

L’objectif est de réussir à résumer chaque document et de les classer de manière claire et objective.

Vous ferez 6 paragraphes de 2 à 3 lignes ainsi qu’une courte introduction de 5 lignes.

La forme comptera pour le tiers des points : faites attention à votre orthographe et à la formulation : utilisez des mots pour faire des transitions, soyez clairs… 

Bref, essayez de rendre votre travail agréable à lire.

Exemple de résumé sur un autre sujet, afin de vous donner un aperçu de la forme pour chaque paragraphe :

« Selon les sociologues Pincon et Pincon-Charlot dans « Paris ville capitale », Paris peut en effet être définie comme une capitale politique car y sont rassemblés tous les lieux de pouvoir, témoignage de la centralisation politique.Cependant, une telle centralisation a son revers politique. Se révolter à Paris, c’est ainsi mettre à mal tout le pays et c’est pour cela que Paris est le symbole des luttes révolutionnaires, comme en témoigne le tableau « la liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix. »