I – La reconstruction de Paris

Les arrondissements de Paris

Napoléon III remet au baron Haussmann le décret d’annexion à Paris des communes suburbaines (Auteuil, Passy, Batignolles, Montmartre, La Chapelle, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Vaugirard, et Grenelle) par Adolphe Yvon (1860).

1834, Victor Considérant (philosophe, économiste) : « Paris, c’est un immense atelier de putréfaction, où la misère, la peste et les maladies travaillent de concert, où ne pénètrent guère l’air ni le soleil. Paris, c’est un mauvais lieu où les plantes s’étiolent et périssent, où sur sept petits enfants il en meurt six dans l’année »

Avant Haussmann : des ruelles sombres, étroites, où des épidémies se propagent facilement


Comment Haussmann a réussi son Paris ? France Culture, Hélène Combis, 31 janvier 2017

XIXe siècle : en une quinzaine d’années, le baron Haussmann a métamorphosé le visage de Paris. Alors qu’une exposition lui est consacrée au Pavillon de l’Arsenal, retour sur les raisons et le déroulement de ces grands travaux, en archives sonores, peintures et photographies d’époque.

On sait tous à quoi ressemble un immeuble haussmannien, mais sait-on à quel point le baron Haussmann, délégué par Napoléon III, a totalement chamboulé le paysage de la capitale, avec ses immenses percées, son architecture régulière, ses parcs… ? « A l’époque d’Haussmann c’est le triomphe de la circulation physique, il faut faire circuler l’air, circuler les gens, circuler les capitaux…« , affirmait le spécialiste de l’histoire de l’architecture Pierre Pinon sur France Culture, en 1991. Alors que le Pavillon de l’Arsenal, à Paris, inaugure une exposition consacrée au célèbre baron (visible jusqu’au 7 mai 2017), nous vous proposons un voyage dans le temps, à l’époque où les grands travaux haussmanniens redonnèrent du souffle à la capitale.

Le Paris étouffant avant la transformation d’Haussmann

Depuis la révolution française, le visage de Paris était resté inchangé, à l’exception de quelques percements, et quelques constructions… : « Le Paris d’Eugène Sue par exemple, le Paris des Mystères de Paris, était encore là dans les années 1850. C’était un Paris extrêmement pittoresque, un Paris parfois de toute beauté, avec bien sûr de petits hôtels particuliers, des architectures anciennes…« , décrivait Caroline Mathieu, conservateur à Orsay en 1991, alors que le musée célébrait Haussmann à travers une exposition, pour le centenaire de sa mort.

Mais également un Paris où il était très difficile de circuler : « Il n’y avait aucune possibilité d’aller du sud au nord de la capitale d’une façon un peu directe, il n’y avait aucun moyen non plus d’aller de l’est en l’ouest, sans buter sans arrêt sur des maisons, pas toujours belles… des taudis, des baraques… et donc le problème de la circulation était fou !« 

Dès 1840, un certain nombre d’édiles, d’architectes ou d’ingénieurs s’étaient aperçus que le seul moyen de rendre Paris encore vivable était d’améliorer les communications, affirmait Pierre Pinon. Invité dans la même émission de 1991 alors qu’il était commissaire d’une exposition sur Haussmann au Pavillon de l’Arsenal, il a également signé un Atlas du Paris haussmannien et un Atlas historique des rues de Paris (Parigramme, 2016) : « La rive gauche et la rive droite en 1840 sont deux mondes. (…) Et les gens de la rive gauche sont les moins bien lotis puisque le commerce s’est développé sur la rive droite et que la rive gauche hérite d’un quartier universitaire finalement peu animé… La rive gauche se meurt…(…) Il faut absolument établir une liaison qui sera Strasbourg – Sébastopol – Saint Michel, un élément de la grande croisée de Paris – on l’appellera comme ça à l’époque – parce qu’il faut que Paris vive et que les gens puisse aller d’un quartier à un autre. »

« Si vous lisez Balzac par exemple, vous verrez que la plupart de ses personnages se déplacent uniquement à l’intérieur de leur quartier, dans deux ou trois rues, et pas plus. A cette époque-là, les Parisiens n’allaient pas les uns chez les autres… se déplaçaient très très peu, avant qu’arrive cette facilité de voyager dans la ville. » 

Caroline Mathieu
Un plan de Paris daté de 1851, un an avant le début des grands travaux d'Haussmann
Un plan de Paris daté de 1851, un an avant le début des grands travaux d’Haussmann – Maillard / Domaine public, Wikipédia

L’air lui-même a du mal à circuler, ce qui fait le jeu des microbes, de l’insalubrité, alors même que la population ne cesse de se densifier dans les quartiers du centre. Or, « [Napoléon III] avait vécu en Amérique, en Angleterre, et il avait admiré énormément ces grandes percées, cette espèce de beauté, d’amplitude des avenues qu’il avait remarquées dans ces deux pays. C’était aussi des pays dans lesquels les squares, les parcs, étaient extrêmement importants… : la vie était beaucoup plus hygiénique, et vous savez qu’à Paris, l’épidémie de choléra de 1842 a été absolument catastrophique« , analyse Caroline Mathieu.

« Au-dessus d’Haussmann se dressait cette grande ombre de Napoléon III qui voulait assainir Paris, construire des maisons, des cités ouvrières destinées à l’amélioration des classes les plus défavorisées. Il est vrai qu’on a beaucoup négligé tout cet aspect des choses au profit de la vie parisienne (…) mais que les préoccupations édilitaires et humanitaires du Second Empire ont été maintenant bien remises en valeur. » 

Caroline Mathieu

Avec Haussmann et Napoléon III, un maître mot : « Circulez ! »

Napoléon III « philanthrope, rêveur, artiste« , tel que le décrivait Pierre Pinon, avait vécu deux ans à Londres, de 1846 à 1848, et arrivait à Paris avec un projet d’embellissement reposant sur les gares tout juste édifiées : « Napoléon III se dit que les nouvelles portes de Paris sont les gares et qu’il faut absolument établir de nouvelles liaisons directes entre les gares et le centre de Paris.« 

Napoléon III confie d’abord cette mission d’embellissement au préfet de la Seine Jean-Jacques Berger, qui lance la percée du boulevard de Strasbourg, de la rue de Rennes et de la rue de Rivoli… mais un peu trop timidement au goût de l’empereur, qui se retourne vers le baron Haussmann, « exécutant dont [il] rêvait probablement« , et qui transformera littéralement la capitale, en une vingtaine d’années. Haussmann, nommé préfet de la Seine par l’empereur, et qui bouda les ingénieurs des ponts et chaussées parisiens, leur préférant des ingénieurs avec lesquels il avait déjà travaillé en province.

Percement de l'avenue de l'Opéra
Percement de l’avenue de l’Opéra – Charles Marville / Wikipédia

Dans une autre émission de France Culture de 1991, Permis de construire, Pierre Pinon s’attardait sur l’originalité, pour l’époque, du projet architectural du baron : reconquérir le centre de la ville, en essayant notamment de développer la rive gauche : « C’est l’université, ce n’est pas la ville… La vraie ville c’est la rive droite. Et l’angoisse des gens de l’époque c’est de voir Paris se déplacer vers le nord-ouest.« 

Comment Haussmann a transformé Paris

Haussmann détruit énormément… Comme s’il y avait urgence à le faire, il défait le Paris XVIe-XVIIe siècles, se met à dos les défenseurs du patrimoine (une sensibilité naissante, sous la monarchie de Juillet)… et un nombre important de livres et de publications le conspuent.

« Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le coeur d’un mortel) ; » 

Baudelaire, Les Fleurs du mal

Pour l’écrivain surréaliste Benjamin Péret, le baron passait d’ailleurs pour l’homme qui avait « peign[é] Paris avec des mitrailleuses. » Pour autant, Haussmann ne cherche pas à faire table rase : « L’expropriation dépasse assez peu les parcelles qui sont touchées par la percée« , précise Pierre Pinon. Nathan Starkman, également invité à Permis de construire en 1991 et alors directeur de L’Atelier Parisien d’Urbanisme, soulignait la volonté d’Haussmann de rester « dans la silhouette de la ville.« 

Nouveau plan de Paris, en 1870
Nouveau plan de Paris, en 1870 – Hachette

D’ailleurs, Victor Hugo lui-même, grand amateur de l’architecture médiévale et pour cela ennemi des destructions, s’était tout de même aperçu que le vieux Paris subsistait après les grands travaux, d’après Pierre Pinon.

« Que c’est beau ! de Pantin on voit jusqu’à Grenelle ! / Le vieux Paris n’est plus qu’une rue éternelle / Qui s’étire, élégante et belle comme l’I, / En disant : ‘Rivoli ! Rivoli ! Rivoli !’ / L’empire est un damier enfermé dans sa boîte. / Tout, hors la conscience, y suit la ligne droite. » 

Poème satirique de Victor Hugo, à propos du prolongement de la rue de Rivoli
Travaux nocturnes des constructions de la rue de Rivoli, éclairés par la lumière électrique, L'Illustration 1854
Travaux nocturnes des constructions de la rue de Rivoli, éclairés par la lumière électrique, L’Illustration 1854 – Jules Galdrau / Wikipédia

Les grands travaux menés par Haussmann et Napoléon III s’accompagnent d’une réflexion générale sur l’espace public, dont on s’est inspiré à l’étranger, selon Pierre Pinon : « On recommande l’alignement des corniches, des balcons, on plante, ce qui était rare précédemment. C’était une réflexion sur l’ensemble du mobilier urbain, sur les kiosques, jusqu’aux plaques qui protègent la base des arbres pour que l’eau puisse arroser les racines. »

Des percées à visée stratégiques ?

Hygiénisme, volonté de faciliter la circulation… D’aucuns affirment pourtant que là n’étaient pas les seules motivations de Napoléon III et d’Haussmann, voyant surtout dans ces grandes percées le moyen, pour les troupes de l’empereur, de mieux réprimer d’éventuels soulèvements du peuple. Des accusations qui s’élevèrent dès le Second Empire, et qui furent ensuite entretenues, comme le relate Pierre Pinon dans son Atlas du Paris haussmannien : l’écrivain Georges Pillement affirmait par exemple en 1941 que « Louis Napoléon n'[avait] que des vues stratégiques« , l’auteur Marcel Raval, en 1943, réduisait les percées à un moyen de « canonner la foule en cas de troubles » et l’historien d’art Louis Réau évoquait en 1958 la « stratégie contre-révolutionnaire » de Napoléon III.

« Il est difficile de nier l’omniprésence du discours sécuritaire dans les écrits des théoriciens de la ville sous la monarchie de Juillet et sous le Second Empire ; gouvernants et notables sont encore sous le choc des révoltes populaires durant les révolutions de 1789, de 1830, de 1848. » 

Pierre Pinon
Entrée de Napoléon III dans Paris, 1852
Entrée de Napoléon III dans Paris, 1852 – Theodore Jung / Wikipédia

Mais selon Pierre Pinon, la majorité des percées étaient étrangères à un tel programme offensif, même si l’historien reconnaît volontiers que l’usage militaire de certaines artères avait bel et bien été envisagé (« Haussmann ne s’en est pas caché« ) : le percement du boulevard Sébastopol par exemple, correspondait pour lui à « l’éventrement du vieux Paris, du quartier des émeutes, des barricades, par une large voie centrale » ; quant au couvrement du canal Saint-Martin… voici ce qu’en disait Haussmann lui-même dans ses Mémoires : « Le boulevard [Richard Lenoir] que je projetais au-dessus du canal couvert devait substituer au moyen de défense que le canal offrait aux émeutiers, une nouvelle voie d’accès dans le centre habituel de leurs manifestations.« 

La régularité haussmanienne : monotone, ou source d’inspiration ?

Créer des percées, faire circuler l’air, les civils, les troupes, la lumière… mais unifier le paysage urbain également. Un souci qui ne datait pas de l’époque du baron, mais qui le taraudait : « Il y a des typologies architecturales urbaines relativement bien en place depuis qu’on fait des villes. Disons qu’Haussmann (…) tenait beaucoup à cette homogénéité, qui était qualifiée de monotonie à l’époque, à cet ordonnancement du paysage, et le peu de réglementation qui existe à l’époque insiste justement sur cette continuité des lignes, en termes relativement vagues…« , explique Pierre Pinon.

« De façon paradoxale, la monotonie haussmanienne permet aujourd’hui d’accueillir les exceptions architecturales. »

 Nathan Stark

« [Haussmann] aimait beaucoup la régularité, donc ces grandes allées viennent d’Haussmann, mais la conception générale de la ville avec de l’aération, de l’air, de la lumière qui rentrent, c’est Napoléon III, et cette ville nouvelle va donner énormément d’images nouvelles aux impressionnistes par exemple, qui vont peindre Paris comme elle n’avait jamais été peinte. » 

Caroline Mathieu
Jour de pluie à Paris, 1877
Jour de pluie à Paris, 1877 – Gustave Caillebotte

Enfin, comment ne pas évoquer les parcs et les jardins qui ont vu le jour à Paris sous le Second Empire, et ont également réjoui les impressionnistes : le parc Monceau, transformé par Haussmann et Alphand, son ingénieur, et inauguré par Napoléon III en 1861, le parc des Buttes-Chaumont, qui doit sa transformation au même Alphand, et qui était une carrière de gypse depuis le Moyen Âge, envahie par les rats et servant d’abri aux miséreux de la capitale, le parc Montsouris, dont la construction a également été confiée à Alphand par Haussmann…

Parc Monceau, 1876
Parc Monceau, 1876 – Claude Monet

Le 23 janvier 2017, l’historienne des jardins et paysagiste Isabelle Levêque expliquait que le goût de Napoléon III pour la nature était certainement hérité de son enfance, dans un épisode de LSD, La série documentaire, consacré aux Buttes-Chaumont et que vous pouvez réécouter ici, pour clore ce voyage en beauté.

« Napoléon III a passé toute sa petite enfance en Suisse, sur les bords du lac de Constance, et il commençait, avec son précepteur par une promenade d’une heure dans la montagne. » 

Isabelle Levêque

Questions :

  1. Résumez les principales motivations, supposées ou affirmée, qui ont conduit à la transformation de Paris ?
  2. Quelles sont les principales transformations de la ville de Paris ?

Les comtes d’Haussmann – Laurent Fléchaire, LeMonde.fr, 2001

Sécurité, banlieue, grands travaux et espaces verts : voilà le programme pour Paris de… Napoléon III. Le président de 1851, devenu empereur en 1852, est pétri des thèses saint-simoniennes : il est le premier chef d’Etat français à réellement placer l’économie au coeur de ses préoccupations. Il sait que la crise économique de 1847 a été un élément déclencheur de la révolution de 1848 et veut prévenir de nouveaux soulèvements.

Napoléon III a dessiné sur une carte de Paris des traits avec des crayons de couleur symbolisant les artères qu’il souhaite voir percer dans la capitale. Il lui faut un ingénieur, un gestionnaire, un homme autoritaire et déterminé pour conduire sa « politique de la ville ». Celui qu’il nomme préfet de la Seine en 1853 (le poste de maire n’existe pas encore) va aller bien au-delà de ses espérances. Georges Eugène Haussmann va être un serviteur pugnace et zélé des volontés de l’empereur. Il va engager en dix-sept ans de « règne » 2 milliards et demi de francs-or de travaux, alors que le budget annuel du pays n’est que de 2 milliards ! Après lui, nul n’aura autant transformé ni… endetté la capitale. Haussmann perce d’abord les boulevards Saint-Michel et Sébastopol pour former avec la rue de Rivoli un axe orthogonal au centre de Paris. En tout, neuf kilomètres de voies nouvelles sont ouverts dans la capitale. Haussmann n’agrandit pas les voies existantes. Il achète les terrains a priori moins chers : les arrière-cours et les jardins derrière les immeubles. Cela aurait pu être avantageux… si les propriétaires ne siégeaient aux tribunaux qui fixent les prix des expropriations. La note est salée, mais le soutien des notables est acquis.

Pour trouver de l’argent frais, Napoléon III, soucieux de sa popularité (et de son avenir), refuse d’augmenter les impôts. Les excédents engrangés par la ville, d’environ 10 millions, sont insuffisants mais peuvent gager de nouveaux emprunts. En 1855, la ville réussit à emprunter 60 millions à 3 % sur quarante ans. Haussmann ne regarde pas à la dépense. Il considère, comme Napoléon III, que ces travaux s’intègrent dans ce qu’on appelle des « dépenses productives » ; principe keynésien avant l’heure, qui veut que des grands travaux financés par l’Etat dopent la croissance économique. Celle-ci accroît les recettes fiscales qui permettent de rembourser les emprunts contractés. Or, depuis le début du second Empire, la France va mieux. La révolution industrielle est engagée et l’armée triomphe des Russes en Crimée en 1856. Le 5 avril 1858, Napoléon III inaugure, en compagnie d’un Haussmann triomphant, le boulevard Sébastopol.

Le lendemain, le préfet de la Seine soumet au Corps législatif (nom de l’Assemblée nationale de l’époque) le « traité des 180 millions » pour financer vingt kilomètres de voies nouvelles. Mais les députés sont las des initiatives de l’insatiable magistrat de Paris, qui oriente toutes les ressources de l’Etat vers la capitale au détriment de la province. Haussmann trouve le moyen de s’affranchir du contrôle des députés en créant, cette même année 1858, la Caisse des travaux de Paris. La ville peut désormais payer les entreprises avec des reconnaissances de dette émises par cette caisse (qu’elles escompteront auprès du Crédit foncier). Haussmann trouve ainsi un moyen illégal de financer plus de… 700 millions de travaux. Par ailleurs, la ville continue de s’endetter de façon « officielle », au moins pour honorer ses intérêts. La sécurité de la ville et la pérennité du régime sont à ce prix. Car les grandes artères qu’Haussmann perce ont un objectif sécuritaire. Il s’agit de pouvoir refouler les ouvriers à l’extérieur de Paris « pour les y disséminer et aussi pour les contenir au besoin ». Il veut faire de Paris une capitale bourgeoise du commerce et du luxe, mais pas une ville ouvrière. « C’est le comble de la déraison en politique que d’y entasser, comme pour former à plaisir un centre insurrectionnel, des masses grossières et stupides d’ouvriers à marteau », écrit-il.

Pour éloigner les dangers d’une pauvreté aux portes de Paris, Haussmann parvient à créer en 1860 le « Grand Paris ». La capitale double de superficie et absorbe ses communes limitrophes comme Vaugirard, les Batignolles, La Villette, ou Bercy. Moyen radical d’intégrer à la ville les problèmes de la banlieue ! Haussmann prévoit que la remise à niveau de ces « nouveaux quartiers » coûtera 150 millions. Au final, la note est de 352 millions. Paris rencontre alors « les mêmes difficultés et les mêmes surprises que l’Allemagne avec ses Landër orientaux », analyse aujourd’hui Georges Valence dans sa biographie du baron Haussmann.

Pendant que le jardin du Luxembourg et les grands boulevards prennent forme, Haussmann rénove en souterrain les systèmes d’arrivée d’eau et d’évacuation des eaux usées. La taille du réseau des égouts est multipliée par cinq. Mais la privatisation de la gestion de l’eau au profit de la Compagnie générale des eaux réduit la distribution gratuite de l’eau aux fontaines qui étaient le mode d’approvisionnement des plus pauvres. Et pour accompagner les travaux, la ville emprunte à nouveau 130 millions.

En 1864, Léon Say, petit-fils de Jean-Baptiste Say, dénonce la dérive financière du baron Haussmann. Mais c’est à partir de 1867 que l’offensive anti-Haussmann marque des points en visant la Caisse des travaux de Paris qui finance à plein régime, mais sans contrôle.

Le jeune avocat Jules Ferry fait ses premiers pas dans l’éloquence au travers de pamphlets au succès retentissant intitulés « Les Comptes fantastiques d’Haussmann ». Tandis qu’Emile Zola attaque, lui, « la fièvre de la spéculation » dans La Curée. La France traverse une crise économique en 1867 et connaît un revers diplomatico-militaire désastreux au Mexique. La même année, Krupp présente les nouveaux canons prussiens à l’Exposition universelle de Paris. Le 8 novembre, on transforme 390 millions de dette de la Caisse des travaux de Paris en dette officielle à long terme. Début 1869, le débat à la chambre des députés pour régulariser cette dette tourne en procès du « système Haussmann », et en procès du régime. Après la défaite contre la Prusse, la République est proclamée en 1870. On finira néanmoins les travaux engagés, notamment la prolongation du boulevard Haussmann…

Questions :

  1. Quelles sont les critiques apportées au projet d’Haussmann ?
  2. Comment Haussmann s’y prend-t-il pour transformer Paris en ville bourgeoise ?
  3. Cette image est-elle toujours celle de Paris aujourd’hui ?
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