Sur-tourisme et tourisme de masse

Le sur-tourisme est la perception d’un encombrement ou d’une surpopulation due à un excès de touristes, qui entraîne des conflits avec la population locale.

L’expression est associée au terme tourisme de masse, qui désigne un tourisme apparu au moment où les masses populaires ont bénéficié en Europe de congés payés et ont augmenté leur pouvoir d’achat : elles pouvaient enfin voyager sur des plus ou moins longues distances, notamment grâce à la baisse des coûts de transport et de logement. Le tourisme de masse est l’une des causes principales du sur-tourisme, car il a augmenté considérablement le nombre de voyageurs.

Qu’est-ce qu’un touriste ?

Thierry Paquot, Le Voyage contre le tourisme (2019)

Je sais que le tourisme massifié que je dénoncerai plus loin n’est pas un tourisme de masse, car la majorité des Terriens ne prennent pas de vacances et ne peuvent aucunement s’offrir un billet d’avion pour une destination enviée, y compris avec une compagnie low cost. Je sais que plus d’un Français sur deux ne part pas pendant ses vacances, alors touristiquer ? Je qualifie néanmoins ce tourisme de « massifié », car il concerne déjà près de deux milliards d’individus et dépassera prochainement les trois milliards ! Par ailleurs, les voyages sont organisés collectivement, en groupes, là aussi 1ls sont massifiés. Toute l’économie de ce secteur juteux repose sur des seuils quantitatifs, s’il crée des emplois c’est pour répondre à un effet-masse, de même pour affréter des avions et bâtir des hôtels. Le routard appartient à une nébuleuse de routards, plus ou moins semblables les uns aux autres, il participe également à ce tourisme massifié. Je ne brocarde pas un mauvais touriste qui serait moutonnier, vulgaire, inculte afin de mieux rendre hommage à un voyageur raffiné, élitiste, esthète. Je regrette seulement que le touriste ne choisisse pas de voyager.

Pour le dire autrement, le touriste consomme un déplacement (du reste, fréquemment il achète une « bonne affaire », peu importe la destination et l’itinéraire), le voyageur exulte à accomplir un parcours qu’il associe à une expérience « totale ». Je n’obère aucunement que le touriste, probablement, apprend sur lui et sur les autres en touristiquant. Mais sans ni le vouloir ni le rechercher. II y a, certes, des touristes intarissables sur leur dernier périple, mais sont-ils partis ? Et sont-ils revenus ? Il y a aussi des alter-touristes, qui sont persuadés de respecter à population et les lieux qu’ils visitent, de pratiquer un tourisme « équitable » et « durable », d’oser des parcours inédits, de loger chez l’habitant, de privilégier des « mobilités douces » (péniche, vélo, cheval…), d’improviser des randonnées en habit de nudiste, de faire du ski la nuit, d’aller à contre-courant des flux touristiques, de se promener avec un guide prévu pour un autre itinéraire, sans pour autant rompre avec le tourisme, cette nouvelle forme de colonisation. […] Or, le tourisme massifié généralise les mêmes attitudes, les mêmes loisirs, les mêmes décors, les mêmes demandes d’encadrement et d’organisation du temps.

  1. Résumer la thèse principale de Thierry Paquot
  2. Pensez-vous qu’il faut changer la façon dont on voyage, à une époque où le monde a 2 milliards de voyageurs ? Quelles solutions sont possibles ?

Le cas de Venise

https://www.youtube.com/watch?v=w-DxS_Nj8sE

Le Figaro : Venise va devenir payante pour les touristes.

Venise va devenir payante pour les touristes en 2024 : ce qu’il faut savoir – Claire Rodineau, Le Figaro, 06/09/2023

Après plusieurs reports, la Cité des Doges expérimentera finalement sa taxe à la journée l’année prochaine, dès les beaux jours.

Enfin du concret après plusieurs années de flottement ? La taxe touristique à Venise, un projet annoncé en août 2021 et repoussé depuis à plusieurs reprises, pourrait enfin voir le jour en 2024. Ou du moins, sous une forme expérimentale. Le conseil municipal a annoncé ce mardi que la ville allait tester ce dispositif pendant trente jours «l’année prochaine», «principalement pendant les ponts de mai et les week-ends d’été quand le tourisme est à son apogée». La taxe sera finalement d’un montant fixe de 5 dollars 35 (environ 5 euros) par jour, contre 3 à 10 euros annoncés à l’origine, et s’appliquera à tous les visiteurs de plus de 14 ans.

Cette taxe est le dernier tour de vis en date de la Sérénissime pour lutter contre le tourisme de masse et ses effets délétères sur son fragile écosystème, après l’interdiction des bateaux de plus de 25.000 tonnes dans son centre historique et la fermeture des boutiques de souvenirs. Ceux qui résident à l’hôtel à Venise en seront exemptés puisqu’ils sont déjà soumis à un prélèvement sur leurs nuitées, tout comme les visiteurs qui participent à des événements culturels et sportifs et les personnes à mobilité réduite, selon Travel Weekly.

En ce qui concerne les modalités d’application, un site web devrait permettre de réserver sa venue et des «tourniquets» seront installés aux points d’entrée de la lagune pour contrôler l’arrivée des visiteurs. Les amendes en cas de non-respect du droit d’entrée s’établiront entre 50 à 300 €. Reste encore à délimiter le périmètre de la lagune qui sera concerné par la mesure : Bloomberg croit savoir qu’il ira du Grand Canal aux îles périphériques du Lido, de Murano et de Tocello.

Interrogé sur cette mesure par Le Figaro en août 2021, Simone Venturini assurait que le montant fixé était délibérément bas, car «l’argent n’est pas le sujet». «Nous ne voulons pas que les gens arrêtent de visiter Venise, au contraire. Nous souhaitons qu’ils restent plus longtemps, trois ou quatre jours idéalement.» Selon lui, toutes les sommes collectées seront réinvesties dans les transports, la propreté et la sécurité pour offrir une meilleure expérience aux voyageurs, et une qualité de vie supérieure pour les habitants. «Nous subissons les critiques de ceux qui pensent que nous allons transformer Venise en Disneyland. C’est un risque, on le sait, mais la jeune génération nous regarde et nous ne pouvons pas rester les bras croisés devant ce surtourisme qui menace notre Cité», concluait-il.

Nombreuses sont les destinations qui instaurent la réservation obligatoire, des jauges et des quotas pour limiter l’afflux de visiteurs et ainsi lutter contre le surtourisme. Dernier exemple en date : la Thaïlande, dont la taxe touristique devait entrer en vigueur ce 1er septembre, après plusieurs reports. Elle s’élève à 300 bahts (8 €) pour les voyageurs arrivant en avion et à 150 bahts (4 €) pour ceux arrivant par voie terrestre et maritime.

  1. Quel est le problème actuel avec le tourisme à Venise ?
  2. Quelle solution est proposée par la mairie de Venise ? Pensez-vous qu’elle soit utile et juste ?
  3. Quelles solutions proposeriez-vous pour résoudre le problème ?

Débat du midi : Touristes, sont-ils encore les bienvenus ?

Prenez des notes sur les arguments

00:00 -> 18:30 environ (première pause musicale)

Echapper aux touristes

Solange Fasquelle, l’Air de Venise (1967)

De cette visite du Palais ducal, Antonella attendait une sorte de révélation, la récréation d’un monde, d’un ordre qu’elle eût été angoissée de subir, qui la fascinait cependant par sa pompe, ses mystères et l’intensité de sensations qu’elle supposait à une existence sous la Sérénissime République.

Il lui fallait confronter des impressions intérieures subjectives et fragiles, qu’elle désirait conserver et si possible aviver, avec des lieux vidés peu à peu des émanations qui auraient pu y subsister, par le passage constant des visiteurs. Le silence et la solitude étaient indispensables pour un contact qu’elle sentait prêt à se dérober au moindre heurt. Certaines salles, certaines galeries, seraient peut-être plus propices que d’autres : elle devait pouvoir y demeurer le temps nécessaire sans être contrainte par le rythme d’une visite en groupe. […]

La chaleur était écrasante. À chaque coin de rue une bouffée d’air brûlant l’entourait, se plaquait sur son corps en sueur : Antonella s’en réjouissait, supposant que le Palais ne serait pas envahi par des hordes de touristes avec cette température. Elle redoutait leurs cris, leurs rires, les réflexions stupides qui provoquait chez eux la vue d’oeuvre d’art.
Si elle avait pu formuler un voeu, c’eût été de trouver les grilles ouvertes, une nuit, pour elle seule : un frisson la parcourait à l’idée de l’angoisse qu’elle ressentirait pendant cette promenade.
Sur la place Saint-marc, elle s’arrêta pour prendre un café. À l’instant de franchir le seuil, elle craignait une déception. Elle se décida pourtant à passer la grande porte gothique qui donnait accès à la cour. Sous les arcades intérieures qui en faisaient le tour, elle commença à goûter la joie de reconnaître comme un lieu familier ce palais dont elle savait par coeur l’agencement. Ignorante de l’architecture et de la peinture, elle était cependant sensible à l’harmonie de l’ensemble et surtout à l’impression de puissance qui s’en dégageait. […]

Un bourdonnement confus naquit dans la cour, s’amplifia dans les galeries et les escaliers sans qu’Antonella en prît conscience. Il fallut l’entrée d’une vingtaine de visiteurs dans la salle du Grand Conseil pour qu’elle songeât au temps écoulé. Quatre heures sonnait, les autres attendaient sur la place.

  1. Peut-on vraiment découvrir un lieu lorsque l’on s’y rend en voyage organisé ?

Martin Parr et le tourisme de masse

  1. Quel est le message de chaque photo ?

Sujet de synthèse associé

Le tourisme dénature-t-il le voyage ?