Tous les documents suivant permettent de répondre au sujet : “Doit-on repousser ses limites pour voyager ?”
L’orientalisme
- L’orientalisme est un courant littéraire et artistique qui nait en Europe occidentale au cours du XVIIIème siècle. Il marque l’intérêt des écrivains et artistes pour les pays du Maghreb (le Couchant) et du Moyen-Orient (le Levant).
- C’est d’abord le monde Ottoman qui fascine : on appelle ce mouvement artistiques les turqueries, où de nombreux artistes s’inspirent de la culture Turque pour composer et écrire ; c’est notamment le cas de Molière dans Le Bourgeois Gentilhomme, mais également de Mozart avec La Marche Turque, qui imite les rythmiques et mélodies venant de l’empire Ottoman :
- L’intérêt pour l’Orient gagne d’autant plus d’intérêt avec la campagne d’Egypte, menée par Napoléon de 1798 à 1801. La campagne n’est pas seulement militaire, elle est également scientifique : le futur empereur est accompagné par la Commission des sciences et des arts, qui a pour but d’établir une encyclopédie de l’Egypte. Cette expédition ouvre la voie à ce qu’on appelle l’égyptomanie, à savoir la fascination pour l’Egypte Antique et ses arts.
- L’Orientalisme perdurera jusqu’à la moitié du XXème siècle, notamment au cinéma : on peut citer les films Le Cheik (1921) qui raconte l’histoire d’une jeune anglaise rejoignant le harem d’un cheik dans le désert ; où les nombreux films sur Cléopâtre, dont le plus célèbre est celui de 1963, avec Elizabeth Taylor dans le rôle titre.
- Comment les peintures orientalistes véhiculent des clichés ?
- Comment des peintures peuvent inspirer le voyage ?
Le Japonisme, de 1860 à nos jours
La fascination pour le Japon n’est pas récente : à la fin du XIXème siècle, de nombreux peintres français puis occidentaux se sont inspirés de l’ukiyo-e, mouvement artistique Japonais de l’époque d’Edo (1603-1868) ; on appelait ça le japonisme. On retrouve chez certains peintres célèbres des inspirations très claires, notamment chez Van Gogh qui peint aux alentours de 1887 les Japonaiserie, copies d’estampes japonaises du grand peintre japonais Hiroshige dont il était un grand collectionneur :
- Quelle influence peuvent avoir des produits culturels sur l’image qu’on se fait d’un lieu ?
L’exploration moderne
- Y a-t-il une différence entre l’exploration moderne et l’époque des grandes découvertes ?
“Dark tourism” et tourisme de l’extrême
Le tourisme noir, appelé aussi tourisme sombre est une forme de tourisme qui consiste à organiser la visite payante de lieux étroitement associés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes.
Le “Dark tourism”, une nouvelle tendance du voyage ?
Un voyage à Tchernobyl
Everest : bande-annonce VF
- Quel plaisir peut-on trouver à voyager vers des zones dangereuses ou associées à la mort ?
Redécouvrir ce qui est proche de chez soi
Francis Ponge – Introduction au galet (1933)
A tout désir d’évasion, opposer la contemplation et ses ressources. Inutile de partir : se transférer aux choses, qui vous comblent d’impressions nouvelles, vous proposent un million de qualités inédites.
Personnellement ce sont les distractions qui me gênent, c’est en prison ou en cellule, seul à la campagne que je m’ennuierais le moins. Partout ailleurs, et quoi que je fasse, j’ai l’impression de perdre mon temps.
Même, la richesse de propositions contenues dans le moindre objet est si grande, que je ne conçois pas encore la possibilité de rendre compte d’aucune autre chose que des plus simples : une pierre, une herbe, le feu, un morceau de bois, un morceau de viande.
Je propose à chacun l’ouverture de trappes intérieures, un voyage dans l’épaisseur des choses, une invasion de qualités, une révolution ou une subversion comparable à celle qu’opère la charrue ou la pelle, lorsque, tout à coup et pour la première fois, sont mises au jour des millions de parcelles, de paillettes, de racines, de vers et de petites bêtes jusqu’alors enfouies.
Ô ressources infinies de l’épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l’épaisseur sémantique des mots !
Jean Cocteau – Le rappel à l’ordre (1926)
L’espace d’un éclair, nous voyons un chien, un fiacre, une maison pour la première fois. Tout ce qu’ils présentent de spécial, de fou, de ridicule, de beau nous accable. Immédiatement après, l’habitude frotte cette image surpuissante avec sa gomme. Nous caressons le chien, nous arrêtons le fiacre, nous habitons la maison. Nous ne les voyons plus.
Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement.
Inutile de chercher au loin des objets et des sentiments bizarres pour surprendre le dormeur éveillé. C’est là le système du mauvais poète et ce qui nous vaut l’exotisme. Il s’agit de lui montrer sur quoi son coeur, son oeil glissent chaque jour sous un angle et avec une vitesse tels qu’il lui paraît le voir et s’en émouvoir pour la première fois
- Qu’ont en commun ces deux textes sur la nécessité de chercher l’exotisme ?
Repousser les limites technologiques
Jules Verne – Le Tour du Monde en 80 jours (1872)
Voici le calcul établi par le Morning-Chronicle :
- De Londres à Suez par le Mont-Cenis et Brindisi, railways et paquebots 7 jours.
- De Suez à Bombay, paquebot 13 —
- De Bombay à Calcutta, railway 3 —
- De Calcutta à Hong-Kong (Chine), paquebot 13 —
- De Hong-Kong à Yokohama (Japon), paquebot 6 —
- De Yokohama à San-Francisco, paquebot 22 —
- De San-Francisco à New-York, railroad 7 —
- De New-York à Londres, paquebot et railway 9 —
- Total 80 jours.
— Oui, quatre-vingts jours ! S’écria Andrew Stuart, qui, par inattention, coupa une carte maîtresse, mais non compris le mauvais temps, les vents contraires, les naufrages, les déraillements, etc.
— Tout compris, répondit Phileas Fogg en continuant de jouer, car, cette fois, la discussion ne respectait plus le whist.
— Même si les indous ou les indiens enlèvent les rails ! S’écria Andrew Stuart, s’ils arrêtent les trains, pillent les fourgons, scalpent les voyageurs !
— Tout compris, » répondit Phileas Fogg, qui, abattant son jeu, ajouta : « deux atouts maîtres. »
Andrew Stuart, à qui c’était le tour de « faire » , ramassa les cartes en disant :
« Théoriquement, vous avez raison, Monsieur Fogg, mais dans la pratique…
— Dans la pratique aussi, Monsieur Stuart.
— Je voudrais bien vous y voir.
— Il ne tient qu’à vous. Partons ensemble.
— Le ciel m’en préserve ! s’écria Stuart, mais je parierais bien quatre mille livres qu’un tel voyage, fait dans ces conditions, est impossible.
— Très-possible, au contraire, répondit Mr. Fogg.
— Et bien, faites-le donc !
— Le tour du monde en quatre-vingts jours ?
— Oui.
— Je le veux bien.
— Quand ?
— Tout de suite.
— C’est de la folie ! s’écria Andrew Stuart, qui commençait à se vexer de l’insistance de son partenaire. Tenez ! Jouons plutôt.
— Refaites alors, répondit Phileas Fogg, car il y a « mal donne. »
Andrew Stuart reprit les cartes d’une main fébrile ; puis, tout à coup, les posant sur la table :
« Eh bien, oui, Monsieur Fogg, dit-il, oui, je parie quatre mille livres ! …
— Mon cher Stuart, dit Fallentin, calmez-vous. Ce n’est pas sérieux.
— Quand je dis : je parie, répondit Andrew Stuart, c’est toujours sérieux.
— Soit ! « dit Mr. Fogg. Puis, se tournant vers ses collègues :
« J’ai vingt mille livres déposées chez Baring frères. Je les risquerai volontiers…
— Vingt mille livres ! s’écria John Sullivan. Vingt mille livres qu’un retard imprévu peut vous faire perdre !
— L’imprévu n’existe pas, répondit simplement Phileas Fogg.
— Mais, Monsieur Fogg, ce laps de quatre-vingts jours n’est calculé que comme un minimum de temps !
— Un minimum bien employé suffit à tout.
— Mais pour ne pas le dépasser, il faut sauter mathématiquement des railways dans les paquebots, et des paquebots dans les chemins de fer !
— Je sauterai mathématiquement.
— C’est une plaisanterie !
— Un bon anglais ne plaisante jamais, quand il s’agit d’une chose aussi sérieuse qu’un pari, répondit Phileas Fogg. Je parie vingt mille livres contre qui voudra que je ferai le tour de la terre en quatre-vingts jours ou moins, soit dix-neuf cent vingt heures ou cent quinze mille deux cents minutes. Acceptez-vous ?
— Nous acceptons, répondirent Mm Stuart, Fallentin, Sullivan, Flanagan et Ralph, après s’être entendus.
- Voyager plus vite change-t-il la perception du voyage ?